P.E. palimpseste existentiel

Le palimpseste est à l'origine un parchemin manuscrit dont on a effacé le texte afin d'écrire un nouveau texte et dont l'état présent peut laisser supposer et apparaître des traces de versions antérieures. Tout mécanisme psychologique dont les faits nouvellement inscrits se substituent totalement ou partiellement à ceux qui leur préexistaient dans la mémoire participent du même principe.

Chaque existence est une réalité singulière qui se vit et se construit par des événements retranscrits en sensations, émotions, sentiments, souvenirs... Il émerge ainsi une conformation psycho-émotionnelle où se coalise une profusion d'influences structurantes en différentes strates. Chacune est le résultat, le stigmate, la trace de différents aspects du travail incessant de l'intériorisation qui s'imprime en nous.

Notre corps est un réceptacle mental où les strates se superposent continuellement. Le temps de la mémoire n'est pas horizontal, il ne défile pas ; il s'amoncelle et se résorbe. C'est un univers de dépôts, de luttes, d'oublis, de failles, de compromis... Tout y est mouvement et construction perpétuelle : le souvenir est fragile, prégnant, parfois incertain, violent, heureux, englouti, en exergue... La vie s'écrit, se réécrit, s'efface, s'imprime sans cesse. L'idée de palimpseste est ici continue, active et mobile, structurante et fuyante.

Pour retranscrire les mouvements intérieurs et leurs stratifications à travers un travail de couches, d'accumulations, de tensions, de dynamiques, de respiration mais aussi de disparitions, d'effacements, d'altération, de recouvrements, l'abstraction m'est apparu comme le moyen évident de matérialiser un processus sans aucun aspect narratif ou anecdotique.

La technique que j'utilise est mixte, en écho aux natures diverses et parfois opposées des strates émotionnelles et psychologiques. Ainsi, chaque technique implique un temps d'exécution, une posture, un geste, un oeil, une réactivité différents. Je privilégie des techniques à faible rendu d'épaisseur afin de rester fidèle à cette notion de strates « immatérielles » suggérées.

C'est un travail contemplatif qui rend compte d'un état émotionnel, affectif et psychologique sur le temps de la création de l'oeuvre. Il nécessite des temps de maturation, de reprises plus ou moins intenses...
Je tends à faire naître des compositions équilibrées mais « flottantes » où les éléments en présence occupent une position dont l'établissement ne semble pas totalement assuré. Comme si un nouvel ordonnancement en devenir pouvait réassembler, reconstruire, défaire... Les éléments sont à la fois figés et en évolution, pris dans un mouvement aléatoire et une combinaison-recombinaison où la légèreté et la fluidité masque une tension et des luttes.

Mon travail est influencé, de près ou de loin, par différents courants et différents artistes qui parlent à ma sensibilité profonde. Olivier Debré, les décollagistes, le color field, les texturologies de Dubuffet, les constructivistes russes (peintures et affiches), Antoni Tàpies, Cy Twombly...


© 2017 daniel kremer | Tous droits réservés
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